Criar um Site Grátis Fantástico
L'Anniversaire de Leïla avec sous-titres 1280

"L'Anniversaire de Leila". un taxi à Ramallah

Ramallah vue par Rashid Masharawi est un bouillon de culture ordinaire, à ceci près que la guerre et l'occupation rôdent sans cesse.

Le Monde | 21.07.2009 à 15h55 • Mis à jour le 27.07.2009 à 12h13 | Par Thomas Sotinel

C'est derrière le volant d'un taxi que l'on perçoit le mieux la folie du monde. Cette maxime cinématographique établie par Martin Scorsese a beaucoup servi. Le réalisateur palestinien Rashid Masharawi lui donne un tour comique dans cet Anniversaire de Leila, incursion rapide dans la ville de Ramallah (Cisjordanie) qui laisse le souvenir du portrait acerbe de la vie quotidienne des Palestiniens.

Le héros de L'Anniversaire de Leila est le père de cette petite fille, Abou Leila. Juriste, il est revenu en Palestine pour servir l'embryon du nouvel état en qualité de magistrat. Mais les remaniements ministériels, les bombardements, les luttes de faction l'obligent à patienter depuis des années. En attendant, Abou Leila conduit un taxi. L'acteur Mohamed Bakri lui prête une distinction et une élégance que les circonstances rendent vaguement ridicules. Il faut dire que le juge virtuel veut au moins faire régner la loi dans son habitacle. Il impose le port de la ceinture de sécurité, interdit de fumer ou de monter à bord avec des armes. Rashid Masharawi filme légèrement cet affrontement quichotesque entre un homme convaincu de porter le droit en lui et une communauté dont l'existence repose sur la négations d'un certain nombre de droits.

Le taxi n'est pas un moyen de transport sans risques pour un film. A la dernière séquence, on risque fort d'avoir vu défiler sur la banquette arrière un échantillon représentatif de la société que le réalisateur se proposait de croquer. Rashid Masharawi n'échappe pas tout à fait à ce reproche. Mais il a su se préserver de la répétition et de la lenteur: son film est très court et l'accumulation des situations typiquement palestiniennes est vue à travers le regard de plus en plus indigné d'Abou Leila dont le légalisme et la foi dans la raison humaine sont mis encore et encore à l'épreuve.

En le suivant, on découvre une autre version de Ramallah que celle qu'on proposé des films plus dramatiques (comme le récent Sel de la mer). La ville bouillonne de vie, le taxi longe des villas en construction, les passagers vaquent à leur affaires, de commerçants ou de réfugiés, le ton dominant est celui du sarcasme cynique.

Mais à intervalles irréguliers, Masharawi fait resurgir la guerre. Une explosion, un bruit d'aéronef rappellent que tout ce grouillement dérisoire et humain vit sous un régime d'exception. Ce film de la vie quotidienne prend une dimension politique qui mérite qu'on la considère avec attention.

LA BANDE-ANNONCE (avec Preview Networks) Bande annonce par Filmtrailer.com Film palestinien de Rashid Masharawi, avec Mohamed Bakri, Areen Omari. (1h11)

L'avis du "Monde"