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Chasse Ă  l'homme

En 2012, mon ex m'a trompée. Je l'ai su parce que mon petit doigt me criait dessus. Ma première réaction: la volonté de frapper de toutes mes forces dans un mur. Au lieu de me fracasser les jointures en abîmant une cloison dont je n'étais pas propriétaire, j'ai braillé. Fort. Longtemps.

Ça m'a brisée. C'était ma fin du monde. Je ne valais pas la peine, j'étais pas assez (insérer ici n'importe quelle qualité de base). J'étais désormais dans cette gang-là. La gang des blessés, des pas assez.

Après des mois d'hibernation en plein été, avec 10 livres en moins, j'ai enfilé des vêtements moins amples, lavé mes cheveux et suis sortie. Le constat fut plutôt agréable: j'attirais encore la gent masculine.

En 2013, j'ai commencé à pratiquer le "swipe à droite", discipline fort populaire chez la classe célibataire et sans attache. J'ai "tindé" (hyper) activement. En un an, j'ai rencontré environ 20 hommes (sans compter les autres, ceux dans la "vraie vie"). Je suis devenue la fille-qui-a-tout-le-temps-des-anecdotes-divertissantes-à-raconter, Miss téléroman ambulant avec ses intrigues pas possibles. Les gars avaient des noms de code parce que ça devenait mêlant. le stratège, le tattoué, le comédien, le geek, le chanteur, le libéral roux, l'intello. C’était rendu que quand le même nom revenait deux semaines de suite, mes amis appelaient ça du long terme. Mais c’était juste une façon de parler, parce que ça se terminait toujours assez rapidement.

« Lundi le Français, mardi l'humoriste, mercredi rien (ah, pis non finalement) cinéma avec le surfeur, jeudi textos avec le hipster et bière avec le gars des finances, vendredi textos avec l’Italien, samedi l'humoriste encore (coudon est-ce que ça devient sérieux?), dimanche tout le monde en parle. »

Les échecs ne m’arrêtaient pas. Au contraire, je rencontrais davantage. C’était exponentiel. Un fail, trois dates. Je me disais que j’allais tomber sur "le bon", que je finirais par oublier celui qui me chatouille le cœur, qui sort d'une relation, qui n'est pas prêt à s'embarquer. celui que je voulais arrêter d'espérer. J'essayais de combler mon vide. Je faisais la toupie pour que mon cœur oublie. Mais l’affaire, c’est qu’à la longue, spinner, ça donne mal au cœur.

Lundi textos avec l’Américain, mardi le snowboarder, mercredi le gars qui veut pas s’embarquer, jeudi texto de l'ex, rejeudi le chroniqueur, vendredi hasbeen, samedi le gars qui veut pas s’embarquer, dimanche tout le monde en parle.

Comme de fait, je me suis étourdie comme il faut. Ma boussole était mêlée. J'étais mêlée-mêlée. (Ça cognait même dans mes neurones.) Quand j'en ai eu assez, j'ai donné un break à mon cœur. Je me suis assise dans ma tête un moment. J'ai mis mon index sur la toupie, soufflé la flamme rouge sur fond blanc. Et j'ai respiré.

Lundi rien, mardi amis, mercredi lancement, jeudi cinéma, vendredi chalet, samedi chalet, dimanche tout le monde… Non, c’est ça. Tout le monde en parlait pas.

En 2014, avec un regain d'oxygène (et probablement une grosse bulle au cerveau), j’ai décidé de recontacter 7 de ces matchs virtuels pour faire leur portrait, parler célibat et relations, boucler la boucle.

Aucun de ces garçons n’est devenu le mien. Certains ont filé très vite, d'autres se sont immiscés dans mon quotidien. Certains m'ont fait traverser les douanes, d'autres le tourniquet du métro. Certains m'ont charmée, d'autres troublée. Certains étaient prêts à dire "nous", d'autres pas du tout. Chacun d’eux a été un arrêt sur ma route. Ils sont 7 hommes au travers desquels j’ai existé… même si c’était juste une fois.

Chasse à l'homme. c'est un chapitre dans la vie d'une célibataire étourdie. C’est des portraits, des mots. C’est un peu de moi à travers eux.

Voici 7 visages de mon célibat.

(N.B. Les portraits seront dévoilés à raison d'un par semaine, pendant 7 semaines. J'ai rencontré ces hommes pour la première fois en 2013 via des applications de dating. Les portraits et entrevues ont été réalisés à leur domicile respectif entre mars et septembre 2014.)

“ For me in my ideal world, I would find somebody that I wanna spend the rest of my life with. Basically I just sort of hope that I can find something long lasting because I can see the structure and the stability of a unified family. I see how great that can be. I used to see how difficult and how sad it can be when your parents are alone and separated.

So I would like to think that my life is gonna be like the former, not the latter, especially if I have kids. I wanna make sure that they have a happy home. Not to say mine wasn’t, not to say that I had a rough upbringing, but it would’ve been a little nicer if my parents were together. ”

“ Dans mon monde idĂ©al, je voudrais trouver quelqu’un avec qui passer le reste de ma vie. J’espère vivre une relation Ă  long terme parce que je constate les bienfaits d’une famille unie, avec sa structure, sa stabilitĂ©. J’ai vĂ©cu l’inverse, je trouvais difficile et triste de voir mes parents seuls et sĂ©parĂ©s.

J’aime Ă  croire que ma vie ne sera pas comme ça, surtout si j’ai des enfants. Je veux tout faire pour qu’ils aient une vie heureuse. Mais ça ne veut pas dire que la mienne ne l’était pas, ni que j’ai eu une enfance difficile… Disons que ça aurait Ă©tĂ© un peu plus agrĂ©able si mes parents Ă©taient restĂ©s ensemble. ”

“ I think what I learned from them [my parents] is what not to be in terms of a couple, how a couple shouldn’t be. You know, you can learn from other people’s mistakes. You can take the positive out of other people’s experiences and misfortunes, unfortunately.

I ask myself everyday why are they still together if they can’t stand each other? But there’s no real answer, it’s just a reality and there’s a lot of people out there who are just like that. I guess it’s just a question of not knowing anything else, or being scared of trying anything else, or trying to fall back in love or being with someone. I don’t know.

I don’t even think they know why they’re still together. My suspicion is that they prefer to be unhappy together than be uncertain about what’s out there when they’re alone. They’re scared of the uncertainty of what their life might become if they were to separate. ”

“ Ce que j’ai appris de mes parents, c’est comment un couple ne devrait pas ĂŞtre. Bien sĂ»r, on peut apprendre des erreurs des autres, essayer de retirer quelque chose de positif de leurs expĂ©riences et leurs malchances.

Je me demande souvent pourquoi ils sont encore ensemble s’ils ne peuvent même plus se supporter au quotidien. Mais il n’y a pas de réponse, c’est juste une réalité que beaucoup de gens vivent. Je suppose que c’est le fait de ne pas connaître autre chose, ou d’avoir peur d’essayer de retomber en amour. Je ne sais pas.

Je pense qu’ils ne savent mĂŞme pas pourquoi ils sont encore ensemble. Mon hypothèse, c’est qu’ils prĂ©fèrent ĂŞtre malheureux Ă  deux plutĂ´t que d’être confrontĂ©s Ă  la solitude. En fait, ils ont peur de l’incertitude de ce que leur vie pourrait devenir s’ils en venaient Ă  se sĂ©parer. ”